Les doux rayons du soleil dansent sur les dermes, les tissus et jardins. Le bal loin de l’encéphale et l’horizon si loin devant. L’homme se prépare, termine ses tâches. Ce soir, il s’évade, laissant ses enfants aux bons soins du personnel de maison. Le corps sort du bain, léger clapotis de l’eau fendue. La masse se soulève doucement. Les muscles délassés se tendent doucement. Le pied se pose sur le parquet, un mouvement encore en surface lorsqu’il en sort le second. Wolf se drape, linge de bain. A l’extérieur, des petits boom, boom légers sur le plancher. Certainement Lizbeth jouant les troubles-faits à l’étage. Un sourire se dresse sur le minois du mâle qui tend l’oreille, attendant de voir si elle va s’exprimer, s'époumoner. Mais pour l’instant, il n’en est rien, jusqu’au moment où elle se met à chantonner. Les bruits de petons se font plus doux, plus évasés, le paternel devine alors que la bambine danse, refait son propre bal.  Un instant, des paroles, des mots mondains, des échanges clichés. Cela amuse le loup qui ricane doucement alors qu’il boutonne sa chemise. Un, deux. Le col, le veston. Dans sa poche, une montre à gousset, une chaînette clipser à un pan. Le pantalon, ses chaussures. Il arrime ses phalanges à sa veste qu’il enfile. En ouvrant sa porte, il tombe nez à nez avec sa petite danseuse. Un sourire partagé. Une révérence. Quelques pas, père fille, virevolte, cadence et salutations. - Belle soirée à vous milady. La petite s’incline. - Mylord Papa.

Derniers aurevoirs à ses aînés avant de s’éclipser tout simplement en direction du champ de foire. La soirée se transforme en nuit. Le soleil laisse doucement place à la lune. La voiture le guide, puis ses pas. Brève marche avant de commencer à apercevoir des flammes danser et des musiques résonner. Un boom, boom dans le palpitant de Wolf qui s’engouffre dans la foule, un rictus sur la trogne. Le vêtement n'est guère trop voyant, guère luxueux. Wolf aime se fondre dans cette foule dont il n’a aucun rejet, aucun dégoût. Primrose apprécie s’accorder cette simplicité d’une soirée hors du temps, hors de cette noblesse parfois étouffante de Londres. Un lieu plus proche de leur maison, plus écossaise, plus enflammée. Ondulant dans le mouvement, dans le vent, le feu se dessine au loin. Vibrant sous les assauts, les danses de son porteur ou sa porteuse. Intrigué, porté, bercé, l’homme guette, s’approche et observe avec une certaine admiration. Les danseurs de feu ont cette part de mystique, de mythe, d’enchanteur, de dangereux et de… Sorcellerie. La magie a toujours trouvé sa place chez Wolf. En bien ou en mal. Le mal a souvent pris le pas sur les moments positifs, les bouffant sans vergogne, les rongeant jusqu’à la moëlle. Les flammes n’ont jamais été aussi vives ces derniers temps. Le deuil faisant, le chemin également, les enfants tentent de guérir et de reprendre cette vie que la maladie leur avait arraché. Les crocs et griffes acérés du malin s’incrustant sur leur derme et avidement sur leur cœur.

Les flammes dansent, virevoltent. L’ âme et les prunelles envahies par une chaleur nouvelle. Chant et musique tambourinant, presque ensorcelants. L’encéphale se laisse porter par cet enchaînement, ce spectacle. Douce hypnose, bal insensé de ses pensées bien trop torturées. ça s’évade, ça se transporte vers des contrées sauvages et reculées, cette nuit où tout s’est joué, tout s’est terminé. L’enfer, la damnation, la sentence et la mort pour condamnation. Le frisson est étrange mais les songes traîtres foisonnent et se dispersent. Est ce le début d’une fin ? La fin d’une boucle tortionnaire ? Vas tu te pardonner un jour, Wolf ? Le questionnement est prenant, saisissant, et bien trop présent.

Ô feu, qu’ai je fait pour attirer le courroux de Dieu ?
Ô flammes, dites moi si j’ai trahie ma Dame ?
Et si mon coeur n’est pas assez preux.
Puisse t’il éviter de nouveaux drames.

La saison offre de nouvelles perspectives, des retrouvailles aussi, des petits bonheurs non voilés et comme une certaine fraîcheur. Mais il y a cette noirceur qui le chagrine, qui le taquine. Lui, le père, l’époux. Des regards des nobles et de la gentry, rumeurs invasives, intrusives, crève-cœur. Des questionnements, des remises en cause, pour lui, pour ses enfants. Qu’avait il vraiment fait ? Pour aider son épouse, pour aider et sauver ses enfants ? Qu’avait il apporté à leur monde, à leur foyer ?

Compétitrice depuis que je suis haute comme trois pommes, je ne peux résister à me rendre au champ de foire pour participer à la compétition de tir à l'arc nocturne où le feu guidera nos flèches vers le cœur des cibles. Revêtue d'une tenue d'archère dans les tons automnales, je monte Quartz avec agilité. En trottant, nous rejoignons ce lieu festif qui me rappelle tant mon Écosse natale et mes sorties avec Killian et Ciaran. Laissant mon destrier avec les autres, je lui prodigue des caresses et je lui donne des friandises pour m'excuser de devoir l'abandonner pendant quelques heures.

Flattant une dernière fois son encolure, je file d'une démarche conquérante vers cette épreuve que je compte bien remporter. Douze cibles attendent les concurrents. Nous nous jaugeons du regard et je suis la seule représentante de la gente féminine. Mes boucles sont coiffées en queue de licorne haute pour qu'aucune mèche ne s'échappe et vienne troubler ma vision. Certains ont des sourires en coin se demandant ce que je fais là et je soutiens leurs prunelles en relevant le menton d'un air hautain.

L'arbitre vient nous demander de nous placer face à celle qui nous est destinée et je me concentre sur elle. Attrapant une flèche dans mon carquois, je l'encoche avant de bander mon arc court. Nous avons le droit à un seul essai par tour. Mes prunelles ne la quittent pas et je visualise sa trajectoire. Retenant mon souffle, je la décoche et elle vient se planter en plein centre. Nous sommes huit à nous qualifier pour le tour suivant.

A chacune des étapes, elles sont éloignées et des obstacles sont ajoutés pour nous contraindre à nous positionner différemment. Je continue de tirer jusqu'à ce que je me retrouve face au dernier et il est très doué. La pression ne me fera pas reculer et n'ébranlera pas ma détermination à triompher.

Pour la finale, les organisateurs en installent des tournantes et il nous faudra atteindre l'œil bleu perçant de la licorne gravée et peinte sur ce bois sombre. Il est minuscule et les torches nous éclairent faiblement. Je plisse mes prunelles pour bien le capturer et je prends mon temps avant de décocher cette dernière flèche. Elle vient se planter dans son iris mais, elle est légèrement décentrée par rapport à celle de mon adversaire. Je ne peux que lui concéder cette victoire et ma déception est visible. Nous nous serrons la main et j'accepte le second prix agacée d'avoir échoué si près du but. Cet oiseau en argent est le symbole de ma défaite et je le range dans ma besace d'un geste rageur. Je tourne les talons pour assister aux autres festivités et mon regard azuré est attiré par les flammes tournoyantes.

M'approchant pour les observer, le feu m'a toujours fascinée. Cet élément destructeur éclaire et dissout les ténèbres qui nous entoure et nous effraie. Lorsqu'il se déchaîne, il devient inarrêtable, insaisissable et impalpable. Il brûle et consume la Nature la purifiant pour la faire renaître encore plus farouche et luxuriante.

Mes iris balayent la scène et s'arrêtent sur un minois connu. Wolf semble totalement hypnotisé et son expression en est presque douloureuse. Est-il encore en train de se torturer à cause de rumeurs mesquines ? Quand arrêtera t'il de culpabiliser ? Il s'est toujours comporté en mari attentif et aimant. Il a tout tenté pour soigner et soulager Maryssa lorsqu'elle sombrait dans l'une de ses crises de démence précoce et ce jusqu'à la fin. Me faufilant entre les badauds pour le rejoindre, je pose ma main délicatement sur son bras pour ne pas le faire sursauter. Je dis dans un souffle : « - Bonsoir Wolf .... dix gallions pour vos pensées ? » Comment pourrais-je le soulager ? J'aimerais tellement lui apporter du réconfort et lui faire prendre conscience qu'il n'a vraiment rien à se reprocher dans ce drame inéluctable et si cruel. Sa femme adorée n'était plus elle-même à la fin et je voudrais qu'il chérisse celle qu'elle était avant que la maladie ne l'emporte et la fasse tomber dans cette spirale infernale.

Les corps ondulent, s’offrent à la lune et expérimentent les affres des yeux posés sur eux. Wolf n’est pas avide mais admiratif, comme un goût de déjà vu, un sentiment de chez-soi. Mais les flammes rappellent aussi à l’ordre, l’ordre des passions, de l’interdit et de la douleur. Le feu, ça brûle. ça laisse des traces, des ondulations dégueulasses sur la peau, sur l’âme. L’homme en avait vu des mutilations, des traumatismes, il en rêve encore la nuit, s’effraie parfois, souvent. Mais le feu réchauffe aussi, conforte dans un cocon chaleureux. Bercé entre maison et champ de bataille, Primrose se perd dans ses songes les plus profonds, les plus tortueux, tempétueux. C’est une voix féminine qui vient caresser son esprits pour l’extirper de ses pensées. Une fine main se pose sur son bras. Léger spasme, il se redresse doucement Wolf, sort de sa transe. Aileen. Jeune Lady, rousse, amie. En parlant de flamme, voilà la chevelure de feu. « - Bonsoir Wolf .... dix gallions pour vos pensées ? », - Dix de plus pour savoir ce qui vous a amené ici, Lady Cunningham Un doux sourire s’affiche alors que Wolf incline sa tête en direction de son amie transformée.- Bonsoir Aileen L’homme n’avait jamais rien à redire sur les choix de ses amis, femmes ou hommes. Si tant est qu’il tient à leur sécurité. Aileen en fait partie, grandement. - Mes pensées vont en Ecosse, chez moi. Tout est si simple là-bas que nous retrouvons cette simplicité ici. il soupire doucement - Je pense qu’elle aurait aimé revoir vraiment tout ça. Un soupçon de nostalgie, de mélancolie vivace, bien encore enfouie sous les décombres de sa vie.

Le Comte se tourne légèrement vers la Lady, garçon pour ce soir. De sa paluche gantée, il tapote doucement celle de son amie. - Mais je suis certain que de là où elle est, le spectacle est encore plus grandiose. Il sourit, efface ces réflexions dépressives pour enfin démarrer cette soirée comme il l’a prévu à l’origine. Une bouffée d’air frais, un renouveau. Danse avec un phénix. Il se doit de rebondir, et de vivre un peu pour lui. Il s’était concentré sur ses enfants, sur tout. Ainsi, renaître des cendres. - Trêve de nostalgie. dit il avec un sourire large. - Est ce que vous vous amusez, ce soir ? Demande t’il toujours très intrigué par sa venue ici et ainsi vêtue. Les jeux ? l’ambiance ? tout ? L’Ecosse ici n’est point si loin. Presque voisine. Il en regrette parfois la brise, tranchante, vivace, revigorante. Il en regrette les vagues qui s’écrasent sur les rochers avec véhémence trahissant la colère de cette vaste étendue. Il regrette les histoires de feux follets. Il regrette l’insouciance et les jours heureux qu’il espère vraiment retrouver. Une sérénité, son but, son objectif, un bonheur pour ses enfants, ses étoiles, ses flammes à lui. Il ne veut plus qu’elles s’éteignent, mais s’élèvent à leur profit. Qu’elles soient attiser, raviver par les lumières d’une saison, de leurs amis, de leur rencontre. Wolf veut sincèrement leur offrir de vivre et non de survivre. Il veut qu’ils découvrent, qu’ils se découvrent, qu’ils ouvrent leur porte à cet inconnu qu’est l’inattendu. Comme lui l’avait vécu. L’amour ou l’amitié, les surprises sont les plus beaux cadeaux qui soient et les plus chers. Il avait couvé son cœur avec ardeur, le réchauffant de tout ce qui pouvaient lui apporter quelques combustibles.

Afin de ne pas la faire se démasquer, il l’invite à marcher à ses côtés d’un geste de main. Ainsi entament-ils leur visite des lieux. Wolf se prête à observer. - Dites moi, qu’avez vous vu d’intéressant ici ? Il marque une pause et ajoute - Avez vous trouver intérêt à vos yeux affûtés ? Aileen étant une femme de challenge, de caractère. Une écossaise. Dans leurs contrées, là-bas, les lignes sont moins établies… Ou bien est ce Wolf qui n’en met pas assez ? Il ne veut pas, faut dire, trop ouvert lui même pour imposer quoi que ce soit à qui que ce soit ? A sa femme ? Que nenni. Il avait été hors de question qu’il la bride et ça… ça Maryssa le lui avait bien fait comprendre à maintes et maintes reprises. Plusieurs fois avait il été effrayé par un comportement dangereux alors qu’elle était enceinte. Angoisses, inquiétudes, Wolf avait fait fausse route tout le temps. Du moins tout le temps où la belle avait été lucide. Elle s’était toujours relevée avec fierté, grâce et une splendeur inégalée. Une battante finalement battue et retranchée dans le moindre recoin de cave de ses démons.

Posant un regard sur la lune qui se dessine, il sourit. - Maintenant que le bal est passé, dites moi… Comment se déroule cette saison ? Intrigué, curieux, bien trop. Amusé, certainement. Là est la seule occupation normale de Wolf dans cette société mondaine. Il tente de s’y intéresser, de s’y pencher et ce même si ce n’était point son intérêt premier, trouvant les mondanités parfois surfaites. Lui le soldat, lui le major. Lui n’est pas très à l’aise, un retour bancal dans une société bordée de rumeurs dont les rangs sont gonflés par des commères, hommes ou femmes.

Lady Cunningham !?!? Dans l'ambiance de la foire, j'avais oublié pendant quelques instant que nous étions toujours à Londres et que nous devions respecter des convenances bien plus strictes que dans les Highlands. Wolf, que beaucoup de langues médisantes conspuaient, était une véritable perle d'une loyauté sans faille. Une profonde et sincère amitié nous liait et nous nous étions mutuellement soutenus. Il ne connaît pas tous mes secrets, seule Maryssa avait eu ce privilège. Elle me manquait chaque jour alors, je ne pouvais qu'imaginer la peine que lui devait ressentir. La vie nous avait tout deux ravi notre moitié à la différence que lui avait été profondément épris de sa femme. « - Bonsoir mon ami. Ma tenue est révélatrice des raisons qui m'ont poussé à venir ici. » lui dis-je d'une voix douce. Comme je pouvais le comprendre, mon corps était ici et mon âme était restée chez nous. À l'évocation de Maryssa, mon cœur se serre et je ne peux retenir ma main qui vient se poser sur son bras brièvement. Je ne peux lui apporter plus de soutien dans un lieu public. « - Elle est ici avec vous et elle voit à travers vos yeux ce spectacle. » Nos proches nous quitteront jamais. Ils ont trouvé refuge dans notre palpitant meurtri dans l'espoir de nous donner la force de continuer à vivre sans eux et que nous retrouvions le bonheur.

Un léger sourire se dessine sur mes lèvres à ses paroles et j'ajoute dans un souffle : « - Elle et Killian sont aux premières loges pour y assister ... » Mon mari avait toujours aimé participer aux jeux et laissait mon frère et moi se défier lors des compétitions de tirs à l'arc ou de courses de chevaux m'encourageant avec ferveur à les remporter. Mon visage se ferme à sa question et je m'exclame agacée par ma défaite : « - Je suis arrivée deuxième au concours pour élire le meilleur archer et je veux une revanche.» Mon air boudeur me fait passer pour une gamine capricieuse et je ne réussirai jamais à me comporter comme une dame bien née pour le plus grand déplaisir de ma mère. Wolf connaît aussi ma maturité alors, je sais qu'il ne me jugera pas de céder à la colère même si son motif lui semblera forcément ridicule. Compétitrice, je ne renonce jamais à gagner et là, je ne pourrai pas me rattraper vu que nous ne pouvons nous inscrire qu'une seule fois à cette compétition. Pfff ! Cette règle est aberrante et j'aimerais pouvoir l'enfreindre peut-être en portant un autre déguisement ?

Protecteur, il veille à ce que je ne sois pas démasquée et nous marchons côte à côte. Nos yeux émerveillés découvrent les autres attractions et j'ai l'impression que nos pieds non jamais quittés nos landes sauvages et verdoyantes. « - Je suis venue pour cette compétition et je n'ai rien vu d'autre qui m'a attiré l'œil pour le moment. Croyez-vous que nous pourrons déguster des scotch pie ou des tattie scone ? » Arrosés d'un verre ou deux de whisky, ça va s'en dire. L'ogresse que je suis commence à avoir faim et était en manque de nos saveurs traditionnelles. La cuisine anglaise manquait de caractère pour satisfaire mon ventre exigeant.

Sa question me prend de court et je me souviens qu'il connait Lord Graham. Il s'était même permis une petite réflexion sibylline pour le prévenir de mon tempérament de feu à ce bal. Mes iris brillent de malice et je réponds amusée : « - Calme en ce qui me concerne. Nous assistons à un défilé de soupirants à la maison venus conter fleurette à ma belle-sœur et je me dois de jouer le rôle de chaperon. Toutes leurs discussions se ressemblent et je contiens mes bâillements difficilement. J'ai l'impression qu'ils ont appris par cœur leurs répliques et qu'ils les récitent toutes dans le même ordre. » N'ayant jamais été courtisée à aucune de mes saisons, je n'ai pas eu à subir ses échanges insipides et je remerciais le ciel de m'avoir épargné une telle corvée. Mes pensées se tournent vers Lord Isherwood et il m'avait proposé d'assister à l'entraînement de l'une de ses championnes. Il ne m'a pas donné de nouvelles depuis alors, peut-être avait-il changé d'avis ? « - J'ai fait une rencontre intrigante à ce bal et pour le moment, il n'a pas osé m'inviter. Il n'y a rien de plus à raconter. » lui avoue-je gênée en reportant mon attention sur les flambeaux qui illuminaient la scène. Changeant de sujet par crainte qu'il me demande l'identité de ce mystérieux Lord qui avait réussi à piquer ma curiosité, je lui demande intéressée : « - Est-ce qu'Harmony et Elliot ont apprécié cette première mondanité ? Je les ai vu sur la piste de danse et ils ont fait honneur à notre patrie. » J'ai bien remarqué que son fils me fuyait et je comprenais très bien qu'il préfère m'éviter, je lui rappelais bien trop de souvenirs douloureux.

La chevelure camouflée de la lady luit doucement à l’éclairage des torches et des flammes dansantes des cracheurs de feu. Bonsoir mon ami. Il est toujours agréable d’avoir une présence amicale dans ce Londres plus qu’oppressant et porteur de lourdes responsabilités. Les yeux de la belle se posent sur les traits du mâle qui la regarde de biais, là à ses côtés. Elle se dresse fièrement la rousse, la maline, la lupine. Le petit museau se dresse dans la bêtise, cette insouciance enthousiaste qui amusent toujours autant Wolf. Elle n’était pas là pour enfiler des perles mais bien pour les gagner. Mais lui… Lui est un peu ailleurs, son innocence et son insouciance quelque peu enterré avec sa femme, qu’il a encore un peu de mal à laisser partir. La démence les avait éloignés. Il l’avait perdu depuis longtemps mais il y a ce crève-cœur que de perdre l’être aimé, consumé à petit feu et être tout simplement… impuissant.

A ses mots, Wolf baisse doucement la tête. Elle est ici. Les paupières se gonflent, il finit par retirer son chapeau, joue avec nerveusement. - Elle était partie depuis si longtemps Mais l’âme libérée, elle trône très certainement avec l’homme d’Aileen, trinquant à la vie, à ses autres qui restent, ceux qu’ils ont laissé. Le coeur se serre doucement dans sa poitrine une nouvelle fois avant de finalement détourner la conversation. Un sourire se dessine sur la trogne de Primrose. Revanche. Sa carcasse se secoue d’un léger rire. L’ambiance est légère, presque enfantine. - Ils n’y connaissent rien au vrai talent, ma chère amie. Lumière sur le visage, le loup poursuit sa discussion sur le ton de la confidence. - Il va de soi qu’ils n’avaient point le regard en face des trous. Notant cet air boudeur qui lui fait plisser le nez, le comte ne peut réprimer ce large sourire amusé. - Vous n’avez pas redemandé une nouvelle manche ? dit il pensif, et clairement taquin.

Quant au reste, elle n’a rien vu, alors pourquoi pas une pause à un stand de restauration et de boisson. - Et bien cherchons, c’est moi qui invite mon comparse de soirée. ajoute le loup avec un léger entrain. - Trouvons nous ce whisky et ces scones. Quête et objectif donnés, les voilà lancés dans l’adversité londonienne. Quelques pas désormais, le duo profite d’un moment de complicité, presque naturelle, et le camouflage de la lady semble faire son office. Le Loup aidant, plus intimidant avec sa gueule cassée, on ne souligne presque guère la silhouette longiligne à ses côtés. - Ah… ça les visites - J’essaie de ne pas y penser. Mes enfants… Partir de la maison, c’est presque une inquiétude bien trop prenante. Il rit doucement, mais bien sûr, s’ils sont heureux… Il sera heureux.- Mais attendez… Il stoppe la marche, adopte une mine grave et sérieuse, l’heure n’est plus à la rigolade, presque à la guerre. Un suspens de trop, soudain qui finalement s’éteint - Et votre mâchoire… Comment se porte t’elle alors ? dit il faussement inquiète mais réellement blagueur ce soir là. Un grand sourire s’affiche prestement sur son visage. Ainsi avait elle manqué de bailler lors des rencontres.

Puis Aileen aborde ses rencontres, qu’elle qualifie d’intrigante. Tiens donc. Il arque doucement un sourcil, reprenant cette fois-ci son véritable sérieux et son écoute habituelle. - L’avenir vous le dira, il aurait tort de ne point le faire. confesse t’il avec douceur, éprouvant une réelle sympathie pour son amie. Viennent alors les questions sur les enfants Primrose. - Harmony s’ouvre petit à petit au monde, me laissant entrer dans le sien. Un profond soulagement dans le coeur meurtri de ce paternel paumé. - Quant à Elliot, je ne saurais dire… soupire t’il. - Il est d’une réelle force, il affiche un sourire dont il connaît le secret, est un gentleman… Son fils se tient parfaitement, un véritable caméléon dans ces mondanités, ce monde qui leur est si étranger. - Mais je pense que derrière ce minois d’une élégance et politesse gigantesque, se tient une facette cachée qu’il ne veut confesser. Une tristesse latente peut être ? une colère, une rage sous jacente ? - Je n’arrive point à saisir à ce jour, s’ils apprécient réellement Il hausse les épaules, le loup et pose un regard sur la foule. - Oh ! Regardez ! Il indique avec un hochement de tête la direction d’un stand qui leur conviendrait totalement. Des douceurs à foison - Que voulez vous et combien surtout en désirez vous ?